MICHEL HOUSSIN
Michel Houssin se consacre uniquement au dessin depuis bientôt 30 ans. Considérant la couleur comme un camouflage du réel, ses séries de paysages et de visages, trouvent leur fusion dans ses très grands dessins de Foules une sorte de conservatoire paysager de l’humain.
Michel Houssin dans les années 70 peint des toiles de plus en plus sombres. Dans la lignée du geste radical d’Yves Klein il retravaille certaines en les brûlant. En 1979, année de la naissance de sa fille Rachel, un tableau très sombre brûle totalement dans la cheminée sans qu’il puisse interrompre le processus. Ce sera sa dernière peinture, son adieu aux couleurs.
Avec la peinture ce qu’il quitte c’est la toile et son châssis. Son domaine désormais est celui de la feuille. S’il se consacre à des études comme dans les récents portraits de ses étudiants de la Villa Arson de Nice, il se donne les limites d’un temps mesuré et conserve le format commercial du papier. Ses œuvres dessinées en revanche se donnent le format nécessaire au déploiement de leur espace imaginaire, de la taille intime de certaines Broderezh, de Nuages ou de paysages aux très grands espaces de papier utiles au dévoilement des Foules.
Du peintre il conserve les gestes, broyant la poudre de graphite avec les doigts, l’étalant avec les paumes. Il corrige ainsi les traits grisés du crayon. La mine de plomb lui offre des noirs assez doux qu’il modifie à grands tracés de gomme. Ce geste régénère le blanc suave du papier. Dans l’entre-deux règne la pénombre des gris puisque ce qu’il soigne particulièrement ce ne sont pas les extrêmes mais les passages. Il retrouve ainsi dans le dessin des effets connus dans la peinture à la Renaissance, comme des « sfumato ».